Gôya, Nagasaki, 2016 Photographie Couleur, tirage argentique type C 65 x 80 cm Édition: 5 + 2 EA - Courtesy the artist and Bendana Pinel
Gôya, Nagasaki, 2016 Photographie Couleur, tirage argentique type C 65 x 80 cm Édition: 5 + 2 EA - Courtesy the artist and Bendana Pinel 
TITLE_NAME :
OLIVIER RICHON - AKA YAGARA

13/01/2018 - 24/02/2018

BENDANA | PINEL 
4, rue du Perche 
 
75003 Paris

www.bendana-pinel.com/   
 

 
(text in French Only) 

Bendana | Pinel Art Contemporain a le plaisir de présenter la deuxième exposition personnelle d'Olivier Richon « Aka Yagara ».

Éloge de l’ombre, écrit en 1933, est un essai sur l’intérieur japonais par l’écrivain Jun’ichirõ Tanizaki. Ici l’ombre est un dispositif esthétique qui forme la vue et aussi le goût. Le visible devient comestible autant que la nourriture est aussi une forme visuelle. L’intérieur est cette chambre sombre qui rappelle aussi le dispositif photographique de la Camera Obscura.

Le point de départ du travail est une photographie de la cuisine de la Villa Savoye (1931) construite par le Corbusier. Un poisson placé en premier plan propose un lien entre architecture et nourriture. Cette image sera remise en scène dans la cuisine d’un modeste restaurant Soba à Kyoto. Oscillant entre nature morte et document, cette image est aussi une conversation entre la clarté de la cuisine de la villa Savoye et les ombres de celle de Kyoto. La clarté d’un intérieur est problématique pour Tanizaki, puisque la propreté de ce qui peut être vu provoque seulement des pensées de ce qui ne peut pas être vu. Le sale, par contre, devient un attribut esthétique quand la crasse, la suie et les ravages du temps produisent des surfaces qui absorbent la lumière. Ceci donne à l’intérieur une élégance froide. Et dans ce cas, si en effet l’élégance est frigide, elle peut aussi être décrite comme sale, affirme Tanizaki.

Sur une autre photographie, le visqueux du aka yagara, ce poisson allongé dont l’œil nous regarde sans nous voir, rappelle aussi cette élégance frigide dont il parle. Le visqueux et l’humide, ainsi que le bloc de glace sur un table de travail sont les signes du mouvement arrêté de l’eau de mer.

Les photographies montrent un intérêt pour des objets simples : ficelles, algues sèches, poissons juste sortis de la mer, mollusques séchant au soleil. A la manière de Francis Ponge dans son Parti pris des choses (1942), les photographies mettent l’accent sur le détail et nous font voir la complexité du banal. Le parti pris documentaire de la photographie et les vues construites coexistent. Des légumes emballés dans du papier journal sont photographiés dans la pénombre de la chambre d’hôtel où Tanizaki séjournait à Kyoto. L’appareil photographique ne capture pas les objets mais les reçoit. Les objets posent, immobiles. En anglais still life veut dire une nature calme, silencieuse, et sans mouvement. Algues et mollusques séchés sont comestibles pour la bouche autant que pour l’œil.

Dans certaines photographies, le papier est présent comme fond le papier gris qui absorbe la lumière devient un décor simple qui rappelle certains intérieurs japonais. Pour Tanizaki,’le papier japonais donne une sensation de chaleur, de calme, et de repos. Le papier occidental rejette la lumière, alors que notre papier semble l’absorber, l’envelopper doucement, comme la surface fine d’une première chute de neige’.

Fonds, viscosité et humidité sont ici des signes qui rappellent aussi le processus photographique, transformant la nature morte en une nature reposée, où la surface sensible reçoit les objets pour les absorber et les transformer en représentations.